Riposter à la riposte ripostant à notre riposte
L'Inde, le Pakistan, le Cachemire, l'Espagne, et Gaza
Ma life live
Me revoilà.
Qui dit semaine bien remplie, dit infolettre bien garnie.
Vous êtes prêt.e.s?
Moi ouais.
Cette semaine, je me suis couché tard, j’ai fait des falafels, et j’ai lu des nouvelles.
Miam miam.
Voici celles que je vous propose:
Aucune retenue entre l’Inde et le Pakistan

Et bien voilà.
Après vous avoir expliqué les origines coloniales du conflit entre l’Inde et le Pakistan dans le dernier numéro (dont je vous suggère la lecture, si ce n’est pas fait!), tout a pris une coche, dans la dernière semaine.
Mercredi le 7 mai au soir, l’Inde a lancé l’opération Sindoor, frappant 9 cibles au Pakistan qui, selon l’Inde, «hébergeaient des terroristes». (Des civil.e.s ont été tué.e.s, des mosquées ont été détruites, fait qu’tsé. On s’entend que le terrorisme a le dos large, quand vient le temps de justifier ton droppage de bombes.)
La Pakistan a frappé de l’autre bord de la frontière avec son artillerie et a abattu des avions de chasse. Résultat?
31 morts au Pakistan, 12 en Inde. Des civil.e.s de chaque bord, décédé.e.s.
Et évidemment, ce genre de situation-là ne fait que mener au calme, la nuance et la retenue.
Le 8 mai au matin, le Premier ministre du Pakistan, n’avait qu’une chose en tête: venger chaque goutte de sang versé.
Ouf, j’en connais un qui n’avait pas pris son café! (haha non mais en, on a la tête dans le cul quand on a pas pris notre dose, n’est-ce pas? Classique cas de don’t talk to me before I had my coffee)
Toute la semaine, les tensions montaient, les deux pays ripostant plus fort à la riposte de l’autre, qui elle, ripostait à la riposte de l’autre, qui elle, était une attaque ripostant à…
Quand tu te fais donner une gifle, tu te dis qu’un coup de poing est une réponse plus forte. Mais imagine si t’as l’arme nucléaire. Y’a rien qui upstage une attaque nucléaire.
Pis l’Inde et le Pakistan l’ont, justement, ce jouet dément-là.
C’était stressant. J’étais stressé. J’étais Bernard Drainville qui fait son pire cauchemar : un kid au secondaire qui se prend en vidéo dans sa classe en train de tutoyer sa prof.
Mais samedi matin, alors que j’étais triste de réaliser que c’était encore légal qu’il fasse 7 degrés un 10 mai, j’ai été réconforté par l’annonce d’un cessez-le-feu entre les deux pays.
Fiou! On l’a échappé b-
Genre 4 heures plus tard le cessez-le-feu était brisé.
L’engagement aura été aussi long, intense et solide que la vie d’un couple formé dans un camp de vacances (“Promis Ficello, je vais faire l’aller-retour Montréal- Terrebonne tous les week-end!”)
Maintenant, j’aimerais revenir sur le conflit, et sur son aspect colonial.
La Cachemire, depuis qu’il a été séparé en deux, croqué par deux géants, n’a jamais pu décider de son sort. Il est morcelé, brisé, écrasé.
On avait pourtant promis aux Cachemiri.e.s qu’un référendum allait être organisé pour que ce peuple majoritairement musulman puisse décider de son sort. Cette promesse-là c’était de la bullshit. Ni le Pakistan, ni l’Inde souhaitent voir un Cachemire autonome. Ils le veulent pour eux et pour eux seulement.
Et cette attitude n’a jamais été aussi claire que dans la partie indienne du Cachemire, qui est l’une des région les plus militarisée au monde. Des centaines de milliers de soldats indien.ne.s y sont installé.e.s, peinards, passant leur temps à écraser les mouvements indépendantistes cachemiri.e.s et tuer des civil.e.s. Les guerres en Afghanistan et en Iraq, et même l’occupation israélienne en Cisjordanie n’atteignent pas ce nombre de soldats par kilomètre carré.
En 2019, l’Inde a retiré le statu semi-autonome du Cachemire, ce qui permet aujourd’hui à n’importe quel citoyen indien d’acheter des propriétés dans la région. Les manifestations pour la libération du Cachemire de l’occupation militaire indienne ont été réprimées par les balles. L’armée a tous les droits, pouvant arrêter sans mandat qui que ce soit, tirer sur qui elle le désire, détruire tout ce qu’elle rêve d’anéantir.
L’Inde au Cachemire pratique une forme de colonialisme de peuplement, la même sorte de colonialisme qui était et est pratiqué par le Canada envers les peuples autochtones, par la France en Algérie et… par Israël en Cisjordanie.
Le lien ici, j’suis vraiment pas le premier à le faire.
L’Inde, qui est mené par un homme fort ultra-nationaliste voulant faire de son État un pays exclusif à une population pratiquant une certaine religion, ici l’hindouisme, attaque un rival après lui avoir attribué la responsabilité d’une attaque terroriste (qui a été cruelle et terrifiante). Même si le Pakistan nie tout lien avec l’attaque, et que l’Inde n’a aucune preuve reliant les deux, Modi décide d’attaquer son ennemi juré et tient responsable le Pakistan et les musulmans du Cachemire.
Ça vous fait pas penser à un autre pays, ça?
Pour approfondir sur le sujet :
Une excellente vidéo expliquant les enjeux coloniaux, modernes et nationalistes du conflit.
Un article intéressant portant sur l’hystérie médiatique suite à l’attaque terroriste du 22 avril en Inde et les appels à la guerre des différents journaux nationalistes.
Le village allumé
Était-ce une cyberattaque?
Un phénomène météorologique rare?
Ou était-ce dû au fait que quelqu’un s’était pointé à sa date avec une tuque Arc’Teryx?
Une chose est sûre, le courant ne passait plus.
Un lundi de fin d’avril, l’Espagne et le Portugal perdaient l’électricité. Une oméga-giga-panne généralisée inexpliquée. Inexplicable, même.
Coupés du monde extérieure, les gens fêtaient dans les rues. Prenaient le temps de danser. De s’asseoir.
En voyant ces images, j’ai pas pu m’empêcher de les romantiser. “Crime, c’est vraiment les cells, dans le fond, le problème», que j’me disais, ému devant des vidéos que je regardais sur mon cell.
Bon, la vérité, c’est que ça fait peur, surtout quand t’es dans le métro, dans un ascenseur, où à l’hôpital.
La cause? Une production qui chute drastiquement de 15 GW en cinq secondes. Pourquoi? C’est ça qui n’est pas encore su à 100%, mais si vous demandez au parti d’extrême-droite espagnol, c’est de la faute des énergies renouvelables.
Anyway, c’est pas de ça, dont j’veux parler.
J’veux vous parler d’Osejas de Sajambre, un village minuscule effouèré dans un creux de montagne.
150 âmes. Le genre de village qui bercerait les contes du Fred Pellerin espagnol. (Fredericó Pellerín?)
Le courant a été perdu en Espagne pendant une durée de 10 à 20 heures.
À Osejas de Sajambre, le trou paradisiaque montagnard aura été assombri pendant 10 à 20 minutes.
Parce que le maire du village Antonio Jaime Mendoza a le sens des priorités, contrairement à Bernard Drainville qui pense qu’il faut que les enseignant.e.s soient légalement vouvoyé.e.s avant de recevoir un salaire décent.
Mendoza, ça faisait des années qu’il voyait son village être victime de coupures de courant. Un arbre qui tombe par-ci, un hiver qui fait geler les fils par-là, un orage qui détruit une ligne et voilà.
Ce qui le faisait chier, c’est que son village se trouve à quelques kilomètres de trois centrales hydroélectriques. Fait qu’veux-tu bin m’dire comment ça s’fait qu’le village qui se trouve à côté du Manic-5 espagnole était pas capable d’avoir du jus pour les télévisions? Du sang à Tesla? De l’essence à veilleuse?
Mendoza, en beau fusil, réalise que les trois centrales exportent l’électricité dans les Asturies, une région dont les villes ont besoin d’être branchées 24/7 sur l’intraveineuse qui fait rouler notre économie.
Ça fait qu’son village, qui est pourtant à côté, est alimenté sur le retour; les 150 âmes tapies dans la vallée sont les dernières à recevoir leurs charges.
Nenenon, ç’pas vrai que ça restera de même.
Mendoza s’arrange donc avec les centrales, pour qu’un système soit mis en place assurant l’approvisionnement de sa communauté. Si un arbre tombe ou qu’un bonhomme fait exploser une boîte électrique parce qu’il veut écouter sa game de foot sur la plus grosse tv au monde, et bien Osejas de Sajambre sera branché direct sur la centrale, rendant le village indépendant du système national.
Le lundi 28 avril, Mendoza est arrivé dans son village. Et pendant que le pays en entier était débranché, sa mère de 80 ans écoutait le téléjournal. On y parlait d’une grosse panne qui touchait la péninsule ibérique au grand complet.
Mais pas le village de Mama Mendoza. Non. Elle, elle pouvait checker des Tik Tok sans problème, entre deux épisodes de Stats espagnols. (Chaque pays a sa version de Stats, right?)
Pour approfondir sur le sujet:
Un petit article donnant le portrait du pourquoi et du comment de la panne.
Mise à jour d’un génocide
Je prends une petite pause, de ce côté-là. Je lis beaucoup de choses, et c’est rarement des belles affaires. Je vous fais donc une liste rapide de points sur lesquels vous pouvez lire davantage:
Un bateau humanitaire a été attaqué en eaux internationales au large de Malte. J’ai fait ma capsule de la semaine là-dessus, si vous voulez aller la regarder.
Israël a approuvé un plan de conquête de la Bande de Gaza, alors que le ministre Smotrich prévoit la destruction de Gaza.
Le documentariste Louis Theroux a sorti un documentaire sur les colons israélien.ne.s. C’est à écouter.
Rien n’entre à Gaza, plongeant Gaza dans une famine d’une intensité folle.
Pour mieux profiter de la fin du monde
Et hop là. Voici, en rafale, ce que j’ai aimé cette semaine:
Écoutez le podcast de The Last of Us
Je suis un grand fan de The Last of Us. J’avais joué au premier jeu en 2013, j’ai capoté quand le deuxième est sorti en 2020.
J’y ai joué, rejoué, re-rejoué. Pis après que ma coloc ait regardé la première saison de l’émission, j’ai rejoué au deuxième avec elle. (Elle était assise à côté et elle regardait pendant que je jouais parce qu’elle était trop stressée, a.k.a. elle avait trop peur.)
Anyway, je vous conseille fortement l’écoute de c’t’émission-là. L’écriture est magnifique, le design est débile, Bella Ramsey et Pedro Pascal sont ahurissant.e.s, et la musique!! La musique. Wow. Dans le sens que ça divertit. (C’est pas une aussi bonne diversion que d’obliger le vouvoiement dans les écoles pour que le monde en parle et oublie que t’investis fuckall dans ton système d’éducation, mais ça reste un bon divertissement. Ok c’est beau c’est la troisième et dernière fois, j’ai fini.)
Mais surtout, je vous suggère de vous claquer les épisodes du podcast après avoir visionné chaque épisode. Dans chaque épisode audio, le scénariste et showrunner de l’émission Craig Mazin (qui avait aussi créé et écrit Chernobyl), décortique ses choix avec Neil Druckmann, le créateur du jeu, et Troy Baker, l’acteur qui prêtait sa voix à Joel dans le jeu.
Si la scénarisation vous intéresse, c’est fortement enrichissant.
À écouter!!
Écoutez Modi’s India.
Pour comprendre l’ampleur de Modi et de son influence sur l’Inde moderne, je vous conseille d’écouter ce podcast de la CBC sur son ascension et ses politiques. Ça donne une bonne idée de ce qui a mené au contexte actuel!
D’ici la prochaine fois
Bon, j’ai fini.
Je vous souhaite de faire plein de vélo et d’aller au Iconoglace.
Allez-y, c’est l’heure de profiter de Montréal en mai.
Et quoi de mieux, pour ouvrir les festivités, qu’un bon reel.
Mais d’ici là, on pourra pas nous reprocher de ne pas être au courant.
Oké salut là bisous.
Zachary
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