Ma life live
Allô!
Ayoye que ça a fessé le soleil cette semaine bim bam ça y est allé par là j’vais pas mentir à personne.
Hâte de passer mes après-midi au parc avec des gens que j’aime bien.
Tout simplement.
Sinon cette semaine, j’ai appris qu’Elizabeth Moss, la fille qui joue la personnage principal dans Handmaid’s Tale, est complètement membre de la scientologie, j’ai marché et j’ai lu des nouvelles.
Miam miam.
Voici celles que je vous propose:
Un homme disparaît pour son support à la cause palestinienne
8 mars 2025, 20h30.
Mahmoud Khalil, un résident permanent américain, rentre chez lui avec sa femme, Noor Abdalla, une dentiste américaine enceinte de huit mois.
Ils reviennent du repas qui rompt le jeûne du Ramadan, prêt à aller faire un beau dodo dans leur logement situé sur le campus de l’Université Columbia, où Mahmoud étudie, à New York. En mai prochain, Mahmoud devait graduer avec un beau diplôme de l’école d’administration publique et internationale.
Arrivés chez eux, i’ s’rendent comptent qu’ils se sont fait suivre par un agent de ICE, l’agence douanière des États-Unis.
«T’es bien Mahmoud Khalil?
- Yep.
- Ok viens avec moi, ta femme peut monter dans l’appart. Allez viens-t’en.
- Non j’vais rester ici., dit Noor.
- Tu veux que j’t’arrête aussi?, lui répond l’agent.
Déjà là, quand un agent de la paix menace d’arrêter une femme à un mois d’accoucher, on comprend qu’on a affaire à un super-héros.
Khalil appelle son avocate, qui parle avec l’agent. Le dude lui répond qu’ils sont là de la part du Département d’État, organe fédéral responsable des relations étrangères américaines. Ils viennent retirer le visa étudiant de Mahmoud.
«Nenon c’est ça king, mon client a une carte verte. Il est résident permanent.»
ICE s’en câlice royalement. Pas de stress, et bien on va lui enlever sa carte verte, alors. Visiblement, pour se sauver d’affaires, Mahmoud aurait dû naître dans la Maison Blanche de l’union entre Oncle Sam et un aigle royal.
«Sa carte verte?! Ayoye oké, mais vous avez un mandat signé par un juge, right?», lui demande l’avocate.
Après tout, un agent doit posséder un mandat pour entrer sur une propriété de l’université Columbia.
En guise de réponse, le dude de ICE raccroche au nez de la gossante qui croit en la justice, et arrête Mahmoud Khalil sans lui dire pourquoi, avant de l’embarquer dans un char non-identifié.
Le mandat est ici un peu comme une douche dans l’appart’ d’un joueur de aki: rien ne nous confirme son existence, et tous les indices pointent le contraire.
Le 9 mars, aucune nouvelle. Ni Noor ni Amy (son avocate) ne savent où se trouve Mahmoud. Il a tout simplement disparu. C’est seulement le 10 mars que son avocate apprend qu’il est rendu en Louisiane, dans un centre de détention reconnu pour ses agressions sexuelles. (Imaginez vous apprenez que votre chum s’est fait arrêter à Montréal pis deux jours plus tard bonhomme se ramasse au Manitoba. C’est comme «big come on, c’est déjà assez rough de même.»)
On lui reproche quoi, au fait, à Mahmoud?
C’est lui, le responsable du trafic du fentanyl?
C’est lui, le gars qui a inventé le concept du «mal»?
C’est lui, le gars qui écrit les pubs de La Belle et la Boeuf?
Nenon. Mahmoud Khalil est emprisonné pour aucun crime. Aucun. Je répète.
Il est poursuivi pour sweet fuck all.
Mais en 2024, Mahmoud a participé aux manifestations pro-palestiniennes à l’université Columbia (à l’époque, j’avais écrit ceci sur le sujet). Il était le porte-parole des manifestant.e.s, représentant leurs voix lors des négociations avec l’administration. Certaines personnes lui reprochent d’avoir été à la tête de Columbia University Apartheid Divest (Cuad), une organisation étudiante demandant le désinvestissement de l’université dans des compagnies israéliennes et supportant l’État d’Israël. Mahmoud Khalil, lui, défend qu’il n’en était que le porte-parole.
Perso, je m’en contre-sacre s’il était porte-parole ou leader. Le dude manifestait pour les droits palestiniens en 2024, et aujourd’hui, il a été arrêté pour aucune raison légale.
Mais politique, ah ça, oui!
Le 7 mars, (une journée avant l’arrestation de Mahmoud), Columbia se voyait privé de 400 millions de dollars en subventions gouvernementales pour son inaction à combattre l’antisémitisme sur son campus suite aux manifestations pro-Hamas. Tout ça, en harmonie avec un ordre exécutif mis en vigueur fin janvier 2025, dans lequel Trump déclarait la guerre aux sympathisants terroristes et à la gauche radicale pro-Hamas grangrénant les campus américains. (Ici, Trump fait encore l’amalgame dangereux entre le Hamas, la Palestine, et l’islam, et entre Israël, le sionisme et le judaïsme.)
Drette après l’arrestation de Khalil, Marco Rubio, Secrétaire d’État américain a tweeté ceci, et la Maison Blanche y est allée pour un bon p’tit Shalom, Mahmoud!


À ce jour, Mahmoud Khalil n’a été accusé d’aucun crime.
Même pas d’avoir porté des skinny jeans un moment donné.
Aucun.
La raison justifiant son arrestation a été donné par Marco Rubio, qui a rappelé une loi qui n’a pas été utilisée depuis 1952. Une loi qui permet au Secrétaire d’État de “déporter un étranger dont la présence ou les activités aux États-Unis, selon le secrétaire d'État, auraient des motifs raisonnables de croire qu'elles pourraient avoir des conséquences potentiellement graves en matière de politique étrangère”.
En 1952, cette clause-là était utilisée pendant le maccarthysme, tsé là cette époque où les gouvernements étaient su’a’ panique pis arrêtaient tous.tes les activistes de gauche, anti-racistes et/ou gais parce qu’ils étaient soupçonnés d’être des agents soviétiques. (C’était tellement intense qu’aujourd’hui McCarthy arrêterait sûrement tous les braves qui se disent «socialement de gauche, économiquement de droite»)
En fait, comble de l’ironie, la clause avait été créée à l’époque sur des bases antisémites pour déporter des activistes… juifs.
Mahmoud Khalil ne sera pas le dernier à être arrêté.
J’ai plutôt l’impression que l’administration Trump utilise son cas pour tester jusqu’où elle peut aller.
Et bordel de cul qu’elle peut aller loin.
La société civile a réagi, une pétition demandant sa libération atteignant 2,9 millions de signatures. Des membres de l’organisation juive anti-sioniste Jewish Voices for Peace ont aussi occupé la Trump Tower à New York jeudi le 13. (100 ont été arrêté.e.s)
Quelques voix au sein du parti démocrate se sont prononcées.
Mais ça reste ultra-minoritaire.
La réalité, c’est que l’administration Trump a implanté un système boosté par l’intelligence artificielle qui va analyser les médias sociaux de plein d’étudiants étrangers pour voir si iels étaient dans les manifs pro-palestinienne. (Si c’est pas ça le progrès, c’est quoi?!)
La réalité, c’est que Columbia vient de plier devant Trump, suspendant et expulsant plusieurs étudiant.e.s, allant même jusqu’à retirer le diplôme de certain.e.s d’entre elles.eux. Ils ont fait quoi, le salut nazi, que vous allez me dire?
Bin non! Pour ça, ils auraient reçu un poste à Washington!
Nenon, leur crime aura été d’occuper un building durant les manifs de 2024.
Fou pareil, qu’en 1968, la même université était occupée par des étudiants manifestant contre la guerre du Vietnam. Un mouvement étudiant que l’université célèbre aujourd’hui sur son site web.
La réalité, c’est que le pouvoir fédéral aux États-Unis est en train de checker s’il peut poursuivre les manifestant.e.s pour terrorisme. Mais vraiment, y’a pas de stress.
Le premier amendement de la Constitution américaine défend la liberté d’expression.
Un droit défendu avec succès aux États-Unis par des néo-nazis qui donnent des conférences dans des universités (et ici), par des masculinistes qui se targuent de rêver d’un monde où les femmes sont des machines à bébés, et par des fans du drapeau sudiste américain.
Mais faut croire que quand c’est pour défendre des opinions inverses à celles de l’administration, là ça va trop loin.
J’peux pas croire ça fait même pas deux mois que le bonhomme est au pouvoir. Quatre ans batinsse, va-t-on se rendre?
Pour approfondir sur le sujet:
Un bon article résumant la situation juste ici.
Un criminel de guerre disparaîtra peut-être en prison
À une époque où le droit international vaut pas grand chose, c’est toujours bien de le voir être appliqué.
Même si, on s’entend, il est souvent appliqué sur les pays plus pauvres et moins puissants.
Rodrigo Digong Duterte a été le président des Philippines de 2016 à 2022. Avant cela, il était maire de Davao.
Duterte arrêtait ses opposant.e.s politiques, exilaient des activistes qui levaient le doigt contre son pouvoir, et encourageait les tueries extrajudiciaires.
Pardon?
Ouais c’est ça, dans le fond, quand il était maire (et ensuite président), Duterte voulait lutter contre la criminalité et le trafic de drogues. Sa campagne a pas mal été popularisée par sa posture rigide sur la question.
Pis quoi de mieux, pour lutter, que de déclarer la guerre?
Pas plus fou qu’un autre, Duterte déclare la guerre à la drogue. (Crime peut-être que je devrais déclarer la guerre à me coucher tard rendu là)
Mais l’idée, c’était pas de gunner des baggies de coke pis de tirer sur des plants de pot.
En fait, le plan était assez simple: et si, je dis bien ET SI, en, et si, disons, on suspendait les droits humains pour les vendeu’ de drogues?
La prémisse était claire, et les méthodes l’étaient tout autant.
En moins d’un an après son arrivée au pouvoir, la police philippine tirait sur tout ce qui bougeait. Duterte a été élu le 30 juin 2016, pis rendu à décembre de la même année, 2000 personnes avaient été tuées.
Et les victimes n’étaient pas juste ces méchants trafiquants que nos mères créent pour nous faire peur de la marijane.
Nenon.
La plupart était des personnes souffrant de toxicomanie ou juste des kids possédant un sac de pot.
I mean, je suis pas mal sûr que la police aurait tué quelqu’un si elle l’avait entendu écouter Gayé de Fouki.
Pis les actes de vigilantisme étaient célébrés! Un dude pouvait en tuer un autre, pis après se défendre de l’avoir pogné à fumer un batte, et au lieu de l’envoyer en prison, on lui donnait les clés de la ville.
Sous Duterte, acheter du pot était un investissement qui menait à ta perte; c’est genre investir dans Northvolt sous Legault mais c’est pas un écosystème et des reinettes faux-grillons que tu pulvérises, c’est toi-même.
Anyway.
Selon la Cour Pénale internationale, plus de 30 000 civil.e.s ont été tué.e.s durant la guerre de la drogue de Duterte.
Beaucoup pensaient qu’il allait jamais voir l’intérieur d’une prison, le vieux crisse.
Mais peu de temps avant son 80e anniversaire, il a été arrêté à Manille et envoyé aux Pays-Bas pour son procès.
Plus ça change, plus c’est pareil.
Pour approfondir sur le sujet:
Si vous voulez plonger dans l’époque de la guerre contre la drogue de Duterte, je vous conseille cette série d’articles de Reuters, qui a fait gagner au journal le prix Pullitzer.
Mise à jour d’un génocide
Les négociations sur la deuxième phase du cessez-le-feu sont lentes que le dog.
En même temps, parler paix avec Netanyahu, c’t’aussi productif que de parler culture queb’ avec Guillaume Jr. Abbatiello de Salvatoré pizza.
Dépourvu d’aides humanitaires depuis la semaine passée, Israël a décidé de suspendre l’approvisionnement en électricité à Gaza.
Résultat?
Énormément de biens essentiels ont tout simplement disparu de Gaza. Les prix ont explosé. L’eau se raréfie. Avoir soif, c’est la norme.
Difficile en effet d’avoir de l’eau, quand t’as pu d’électricité pour faire rouler tes stations d’épuration et ta seule station de dessalement d’eau marine.
Y’a pas beaucoup de carburant, pis les générateurs sont plus rare qu’une remise en question de la part d’un gars dont la personnalité c’est «prendre des photos argentiques».
« Comment puis-je jeûner si je ne trouve pas d'eau à boire ? » se demandait Mahmoud Salem à voix haute, la voix lourde de frustration, en regardant le réservoir d'eau presque vide sur le toit de sa maison. L'eau salée coule dans les canalisations quelques heures par jour, mais elle est imbuvable.
« L'eau que nous recevons est salée et pleine d'impuretés. Je dois payer 30 dollars par semaine pour de l'eau dessalée, mais elle n'est pas entièrement pure. Je sais qu'elle est polluée, mais que puis-je faire d'autre ? Si je ne l'achète pas, mes enfants mourront de soif. »
Les pourparlers continuent, certes, mais le gouvernement de Netanyahu préfère mettre la botte sur la nuque de Gaza plutôt que de faire confiance aux négociations. Et au diable les crimes de guerre.
Pendant ce temps, y’a un article complètement wild qui a été publié dans Ha’aretz, le quotidien israélien. (L’article est protégé par un paywall, mais y’a un compte-rendu juste ici.) Le constat est assez clair: l’armée israélienne utilise et a utilisé des civil.e.s gazaoui.e.s comme boucliers humains. Y’a un média qui a aussi publié un extrait d’une chronique écrite dans Ha’aretz par un ex-soldat de l’IDF.
Le soldat le dit bien: ça fait un bout que ça dure. (Un article était sorti là-dessus en août passé.)
Et pendant ce temps, il se passe quoi?
Bah pendant ce temps Trump fait une pub pour Tesla en direct de la Maison Blanche, et Israël demande à Tesla de soumettre sa candidature pour être le constructeurs des automobiles officielles de l’État.
Rien de nouveau sous le soleil.
Pour approfondir sur le sujet:
Pour un reportage très dur sur ces pratiques de l’armée israélienne, je vous conseille ce travail d’un journaliste palestinien.
Pour mieux profiter de la fin du monde
Et hop là. Voici, en rafale, ce que j’ai aimé cette semaine:
J’vous propose de lire Ordures!
Simon Paré-Poupart offre ici une fenêtre dans un monde qu’on essaie d’oublier. Vidangeur depuis des années, Paré-Poupart nous donne un essai qui vient se coller à un printemps où la fonte de la neige sort les déchets de leur hibernation.
Vous checkerez ça!
Écouter de la samba quand le soleil sort c’est comme manger du popcorn au cinéma.
Faites juste peser su’ play.
D’ici la prochaine fois
Tout disparaît faut croire. Même le ministère de la condition féminine sous Mark Carney. Ouf.
Sinon, can’t wait de passer la semaine à faire à semblant que le printemps est là pour rester.
J’adore l’odeur, les bourgeons, le soleil qui nous claque le front.
J’adore le vent, les parcs de Montréal, les amis et les bières entre amis dans un parc montréalais venteux.
J’adore voir des vélos se faire aller la chaîne, voir des chiens se faire aller la queue, voir le soleil se coucher un ti-peu plus tard.
Je le dis je l’annonce, qu’on me poursuive que je dénonce: j’adore le printemps, bordel de cul.
Et j’adore ce reel.
À dimanche prochain.
Mais d’ici là, on pourra pas nous reprocher de ne pas être au courant.
Oké salut là bisous.
Zachary
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et
bravo pour ton style casual, funky et right to the point...
Merci encore une fois Zachary pour ton éclairant commentaire sur l’actualité. Tu me rends plus « brillant »!