Ma life live
Ouf eille je suis fatigué de runner ces temps-ci, j’suis plus à l’école mais j’ai l’impression d’être en fin de session par proxy, entouré de mes pauvres potes affairé.e.s sur leurs travaux de session, gangréné.e.s par leurs crises existentielles post-diplomation.
Nenon j’vous l’dis j’arrête pas pis c’est le fun, mais disons que j’ai hâte que le rush passe. J’ai des livres à lire pis du temps à perdre.
C’est à cause du rush, justement, que l’infolettre de cette semaine est beaucoup plus courte que j’aurais voulu. Il manque une nouvelle. J'ai manqué de temps. My bad. Désolé. Semaine prochaine, m’a vous garnir ça, c’te texte là z’allez voir.
J’ai surtout hâte aux SÉRIES NON MAIS AM I RIGHT?!?! Aweille les ti-gars maudit l’année commence peut-être terrifiante mais y’a rien qui garde plus notre nation en vie qu’une place en série c’est pas des farces.
J’ai fait une autre capsule aussi. Si jamais.
Sinon cette semaine, j’ai terminé un mauvais livre, j’ai beaucoup rigolé à voir Trump démolir les marchés et commettre un délit d’initié, et j’ai lu des nouvelles.
Miam miam.
Voici celles que je vous propose:
Des mercenaires américains et deux milliardaires

Si vous lisez ça demain, donc dimanche, et bien c’est aujourd’hui qu’il y a des élections en Équateur. Si vous lisez ceci après-demain lundi, c’était hier que les urnes se faisaient aller le vote. Si aujourd’hui pour vous c’est mardi, et bien c’était avant-hier. Et ainsi de suite.
D’un côté, il y a Daniel Noboa, président sortant, le fils de l’homme le plus riche du pays et un des plus jeunes présidents su’ ‘a planète, voulant bin gros se faire réélire.
De l’autre, Luisa González, la protégée de l’ancien président, Rafael Correa.
Mais je suis pas ici pour vous parler des deux candidats. J’veux plutôt vous parler d’un troisième joueur, qui est probablement la dernière personne que j’inviterais à mon party de fête.
Erik Prince, ancien PDG de Blackwater, un ancien marine qui a bâti ses milliards de dollars en offrant… du mercenariat.
Ahhhhh le mercenariat. Plus noble que le mécénat, plus utile que l’art, plus productif qu’un étudiant en génie.
(À tous.tes les crotté.e.s d’artistes lisant mes mots, gardez ceci en tête: au lieu de prendre nos clarinettes de loser, on aurait dû aller à l’école pour prendre des vies. On pourrait aujourd’hui se payer du saumon fumé. Câlice, avoir su.)
Je sais pas si vous avez vu un film, mais si oui, vous connaissez Erik Prince.
Dans le fond, Erik c’est celui qui est le méchant.
Legit, ce gars-là a checké le Seigneur des Anneaux et s’est dit: ayoye l’oeil méchant y’est inspirant veux veux pas.
(On ri on ri mais combien de dudes ont vu Joaquin Phoenix danser dans une toilette pis depuis ils basent leurs personnalités sur le Joker, persuadés d'être des anticonformistes incompris par la société. Big, le Joker est un personnage fictif, toi t'es un adulte qui refuse d'acheter une base de lit pis une housse de couette.)
Notre petit maître des Ténèbres a entre autres, par le biais de sa compagnie de l’Enfer, massacré des civil.e.s en Iraq, profité de la guerre civile en République Démocratique du Congo, essayé de vendre (et vendu) des armes à des seigneurs de guerre.
Un peu comme Laurent Dagenais quand vient le temps de faire une recette qui coûte 5000$, Erik Prince est animé par une chose: les forces du marché. Sauf que Laurent s’intéresse aux forces du marché Jean-Talon.
Pour Pince, son marché, c’est la guerre. Prince gère voit la guerre comme François Legault voit le Québec: tout doit être donné au privé.
La guerre en Afghanistan? Engagez une compagnie. L’Ukraine? Laissez l’offre et la demande s’en charger. Le Venezuela? Ça rime avec coup d’État, une action qu’une compagnie devrait pouvoir entreprendre, évidemment!
Si Prince n’était qu’animé par l’appât du gain, il serait aussi unique qu’un gars qui est plus tendre envers sa collection de vinyles qu’envers sa date Tinder.
Mais ne vous inquiétez pas! Quand je disais qu’il est un supervilain, je n’exagérais pas!
Ces temps-ci, il fait campagne pour la colonisation.
Oui oui, la colonisation.
Prince adore Trump, vous en serez surpris.e.s. (Trump a entre autres pardonné les mercenaires qui avaient été condamnés pour le massacre en Iraq.)
Même que ces temps-ci, il cherche à offrir ses services pour que la déportation des millions d’illégaux inventés par Trump soit faite… par le privé!
Quelle vie, pareil. On a la chance d’exister dans un monde où on on peut investir dans la déportation violente d’une autre personne, en espérant que notre investissement rapporte assez pour qu’on puisse un jour s’acheter une maison.
Ça doit être ça, la liberté. Ça pis un cheval qui court dans un champ vaste.
BREF.
Revenons en Équateur.
Daniel Noboa, héritier d’un empire d’exportation de bananes, cherchent depuis son élection à se présenter comme étant «l’homme de la situation» face à un pays qui a plongé dans les violences liées au traffic de dope. En moins de dix ans, l’Équateur des années 2020 est pas mal devenu la Colombie des 90. (J'sais pas comment dire ça mais si quelqu'un me dit “je suis l'homme de la situation” je comprends immédiatement qu'il ne l'est pas.)
Il a déclaré l’état d’urgence peu après son élection, annonçant du même coup que son pays était dans une situation de conflit armé interne.
Mais même si l’augmentation de la violence et du pouvoir des cartels sont réels, la militarisation de son État en inquiète plusieurs.
Un peu comme Nayib Bukele au Salvador, l’administration Noboa arrête arbitrairement n’importe qui, pis torture n’importe qui qui ne parle pas.
Après, la ligne est fine et l’équilibre est difficile à trouver. Sure, faut agir quand le taux d’homicide augmente de 800% en cinq ans. Mais en arrêtant quelqu’un pour ses tattoos, c’est risquer la dérive autoritaire.
Et donc, ça nous amène aux élections, et à notre Erik Prince.
Dans les dernières semaines, Noboa, notre porteu' de V-Neck assez pipé pour faire rougir n’importe quel gars au Dooly’s, a commencé à cruiser l’administration Trump, en disant qu’il est assez down merci que son pays accueille une nouvelle base militaire américaine.
Pis ensuite, il a signé une entente avec Erik Prince pour recevoir l’aide de ses mercenaires, boostant la sécurité de son pays grâce à l’aide d’un maniaque.
Personnellement, je ne suis pas fan de la violence. Call me crazy.
Quand un leader cherche à répondre à la violence par plus de violences, je suis pas méga-fan, mais je suis, en même temps, ignorant.
J’ai jamais été en contact avec la violence. Je sais pas c’est quoi, voir du monde se faire gunner dans ma rue. J’pense donc que j’peux pas vraiment juger les actions prises par Noboa, sauf bien sûr la fois où il a envoyé la popo dans l’ambassade du Mexique, brisant toutes les règles du droit international.
Mon point, c’est que les élections de demain (ou aujourd’hui ou hier ou avant-hier ou-), c’est le test qui dictera le reste.
Noboa rêve-t-il de devenir l’homme fort autoritaire d’un pays, quitte à tuer sa démocratie? Ou voit-il la militarisation de son pays comme étant un mal nécessaire?
Tout pour l’instant semble pointer vers la première option.
Noboa fait face à une menace intérieure, qu’il pourrait instrumentaliser pour annuler la tenue d’élections libres. Noboa a l’appui du plus fort pays sur la planète. Et Noboa, fils d'un papa milliardaire, est l’ami d’un milliardaire papa de mercenaires, qui se fait un plaisir de supporter ouvertement sa candidature.
Je sais pas si vous connaissez la relation entre les États-Unis et les pays d’Amérique latines, mais quand t’as une élection entre un candidat de droite autoritaire adoré par les services secrets américains, et une candidate de gauche, c’est rarement la démocratie qui finit par gagner.
À l'époque, fallait une enquête pour nous révéler que la CIA avait renversé tel ou tel gouvernement. À’c’t’heure, les scélérats s'en vantent sur Twitter. Bande de nigauds.
C’est crazy, mais au moment même où j’écris ses lignes, j’ai reçu une alerte sur mon cell: un article, titré «Trafic de drogue en Équateur: l’état d'urgence décrété à Quito et dans sept provinces».
L'Équateur a déclaré l'état d'urgence ce samedi, […] et ce à la veille du second tour de l’élection présidentielle qui se déroule ce dimanche 13 avril. Cette mesure suspend les droits à l’inviolabilité du domicile et de la correspondance, la liberté de réunion et impose un couvre-feu nocturne dans plusieurs communes. Elle permet aussi le déploiement de l’armée sur la voie publique.
J’adore quand un président rend légal l’envoi de l’armée proche du Parlement la veille d’une élection serrée.
C’est toujours bon signe.
Dans tous les cas, si les Équatorien.ne.s sont appelés aux urnes, j’espère que ce ne sera pas pour y mettre les cendres de leur démocratie.
Mise à jour d’un génocide
“Ils vont nous tuer jusqu’au dernier”.
Les balles sifflent et les bottes fracassent les vestiges de vies dont l’envols ne marqueront qu’une page de statistiques.
65% de la bande de Gaza est soit sous contrôle de l’armée israélienne, soit sous ordres d’évacuation.
Gaza est dorénavant fragmenté.
Rafah, au Sud, est coupée du reste d’un territoire déjà coupé du reste du monde.
J’me suis toujours dit qu’une job en usine ça doit être aliénant, parce que je l’avais vu comme tout le monde, le film de Chaplin où il gosse avec une chaîne de production pis qu’ils se ramasse dans ‘machine à se faire masser le corps par de gros engrenages. (En fait, j’ai pas vu le film, j’ai juste vu cette scène-là, qui est la scène qui, for some reason, apparaissait automatiquement dans le coco des profs d’histoire lorsqu’ils.elles se posaient la question: comment j’pourrais pimper mon cours sur l’industrialisation de manière interactive?)
Mais j’vais pas vous mentir, c’t’aliénant, d’écrire sur l’inaction et l’immobilisme politique face à un génocide.
Toute forme d’opposition à la démence est dans le meilleur des cas ignorée, dans la plupart, punie.
J’pense que mon cerveau a juste trouvé ça débile d’apprendre, en une seule semaine seulement, qu’un juge permet la déportation de Mahmoud Khalil sur des bases politiques, que mon amie est contente parce qu’elle a visité un beau 4 1/2 à juste 1800$, que des trillions de dollars disparaissent en bourse parce que la bourse, dans le fond, c’est un jeu basé sur des vibes inventé par nous autres les débiles, pis que meanwhile, on invite un spécialiste touristique pour parler de l’opportunité intéressante que représente Gaza, dont le génocide est diffusé en direct sur nos cells, entre un reel de chien pis un Tik Tok de masculinistes fan de cryptos.
Pis Israël mentionne l'annexion de Gaza sans gêne aucune.
Ça fait des grosses semaines.
Pour revenir à l’opposition, je tenais à mentionner qu’il y a aussi des soldats de l’armée israélienne qui ont été démis de leurs fonctions après qu’ils aient signé une lettre ouverte considérée comme étant anti-gouvernementale.
Voici un extrait du pamphlet radical :
“Seul un accord peut ramener les otages en toute sécurité, tandis que la pression militaire conduit principalement à la mort des otages et à la mise en danger de nos soldats.”
Comme quoi, en!
Ça fait des grosses semaines.
Pour approfondir sur le sujet:
Pour un beau reportage sur des jeunes israélien.ne.s refusant le service militaire, préférant aller en prison quelques temps que de servir dans l’armée pour ses actions à Gaza, est disponible ici.
Pour mieux profiter de la fin du monde
Et hop là. Voici, en rafale, ce que j’ai aimé cette semaine:
Je vous propose d’écouter iimini, de Bongeziwe Mabandla
Celles et ceux qui lisent cette infolettre depuis ses débuts se souviendront de la fois où je vous ai proposé d’écouter Mangaliso, du même artiste sud-africain.
Dans iimini, Mabandla poursuit dans ses airs célestes, où sa voix est lancée dans l’infini, nous arrivant après avoir rebondi sur des montagnes ou d’autres grandes surfaces qui sont naturelles, pas des magasins.
Je vous invite à vous y brancher. Ça fait aller les talons à une vitesse qui nous donne le temps de profiter de nos alentours.
D’ici la prochaine fois
Anotha’ week anotha’ dolla’.
N’oubliez jamais que l’argent ne dort jamais, et que vous n’êtes pas de l’argent, alors dormez donc, calvasse.
Le voici le voilà, votre reel de route
Et prenez soin de vous. Checkez dont le hockey, moi perso, comme tout le peuple québécois, je suis excité pour Demidov. Et la fièvre des séries nous aura tous.tes. En espérant qu’on puisse un jour retrouver l’euphorie qui nous a habité quand Lehkonen nous a envoyé en finale le soir de la Saint-Jean.
Pas besoin d’être fan pour avoir viré dingo. C’était grisant, tout simplement.
Mais d’ici là, on pourra pas nous reprocher de ne pas être au courant.
Oké salut là bisous.
Zachary
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